Le grand paradoxe de cette situation est bien la démonstration de ce que les Provinces sont plutôt bien gérées puisqu’on vient les solliciter pour venir à la rescousse d’autres niveaux de pouvoir en difficulté.
Face aux intentions de la Déclaration de Politique générale, le Collège provincial n’est pas resté « les bras ballants », les premières discussions autour du budget sont marquées du sceau de la prudence.
En effet, on estime qu’il faudra entre 80 ou 100 millions d’euros pour refinancer les zones de secours.
Une analyse très sommaire de notre structure budgétaire fait apparaître près de 400 millions au budget ordinaire, moins le coût du personnel estimé à 270 millions, moins la dette de 33 millions, moins les transferts de 20 millions, presque tous obligatoires. Il nous reste donc 60 millions d’euros dont le financement notamment des Asbl qui emploient tout de même 700 personnes.
La mission que l'on veut nous confier est enthousiasmante, exaltante et "soulager" les communes d'une telle charge comme l'indique pudiquement la DPR, c'est bien. Mais vous conviendrez avec moi que cela ne peut pas se faire au détriment du personnel de nos propres institutions.
Pour rappel, mais j'ai l'intuition qu'il faudra encore le faire souvent, très souvent, la Province de Hainaut, c'est 10.000 personnes dont 4.200 agents sur notre payroll et 700 dans nos Asbl.
Au-delà du refinancement des zones de secours, notre rôle est et restera aussi de préserver ces emplois provinciaux.
Si l’on sent aussi dans la DPR une volonté de soutenir les communes pour la neutralisation des effets du précompte, le soutien aux fonds des communes, le maintien du financement des APE, on ne trouve par contre aucunes références bienfaisantes du même type pour les Provinces…absence ne veut pas dire exclusion, mais cela mérite d'être clarifié.
Le bureau de l’Association des Provinces Wallonnes que je préside s’est aussi longuement penché sur la situation et l’ensemble de ces inconnues qui affecteront les Provinces. Nous avons bien entendu déjà sollicité une rencontre avec le Ministre des Pouvoirs locaux, Pierre-Yves Dermagne.
Il ne faut pas oublier qu'une DPR est d'abord une déclaration d'intention. Elle doit être confrontée au réel.
Nous devons faire preuve d'humilité. La balle n'est pas dans notre camp, elle est dans celle de notre pouvoir de tutelle…
Nous devons tout de suite travailler afin de constituer un dossier qui montre les réalités budgétaires, cerner nos marges de manœuvres, explorer tous les possibles. Bref, nous devons donner à nos interlocuteurs la vraie réalité financière sans laquelle aucune réforme sérieuse n'est possible.
Il reste à ce stade encore énormément d'inconnues. Sur le plan institutionnel, c'est une matière fédérale, comment pouvons-nous nous intégrer dans ces nouveaux dispositifs ? Allons-nous disposer de moyens additionnels pour mener ces nouvelles missions? Comment cela va-t-il se dérouler et quelles seront les conclusions des groupes de travail sur l'avenir institutionnel ? Ce ne sont que quelques-unes des questions qui ne trouvent pas encore aujourd'hui de réponses.
Oui, nous sommes disponibles et nous mettons beaucoup d'espoir sur le dialogue que nous aurons avec notre pouvoir de tutelle.
Plus que jamais, comme le disait Lamartine : "La patience est la vertu des justes". Et, pour le coup, agir dans l'impatience et la précipitation serait non seulement une erreur de calendrier, mais aussi et surtout une grave faute politique.
Serge Hustache, Président du Collège provincial