Publié dans Budget et finances

ET SI LA PROVINCE ÉTAIT UNE DES SOLUTIONS A LA CRISE INSTITUTIONNELLE ?

Le budget 2015 de la Province de Hainaut que certains annonçaient comme « apocalyptique » a été voté, ce 18 décembre, majorité contre opposition. Il présente, pour la quatrième année consécutive, unléger boni à l’exercice propre et ce, sans toucher aux acquis sociauxsans mesure de licenciement et avec une très légère hausse du précompte immobilier de 70 centimes (précompte qui n’avait plus été augmenté depuis 20 ans). Le Hainaut maintient ainsi son équilibre structurel alors que les perspectives envisagées il y a quelques semaines laissaient craindre un déficit de plus de 14 millions en raison essentiellement des conséquences négatives du transfert de compétences vers la Wallonie (1,6 millions) ainsi que d’une charge nouvelle : la participation au financement des services de secours pour un montant de 6,3 millions d’€.

La session budgétaire a permis de mettre en exergue la pertinence des mesures d’économies prises par la Province sans porter atteinte aux services rendus aux citoyens ; à savoir la poursuite du moratoire sur le remplacement du personnel, la réduction des frais de fonctionnement ou encore une importante contribution des asbl provinciales.

Je suis particulièrement heureux que la Cour des Comptes dans son tout récent rapport positif relatif à notre budget ait mis en exergue les mesures d’économies et de prudence prises par notre Province.Prudence à l’égard de la stabilisation de sa trésorerie ainsi qu’à l’égard des obligations vis-à-vis de son personnel et des pensions. Des considérations qui nous encouragent dans la voie difficile mais indispensable de la stabilisation financière et de la modernisation de notre institution.

Mais le travail est loin d’être terminé, le processus de mise en œuvre des mesures d’économies doit se poursuivre. Nous n’avons jamais dit que cela serait facile demain. Nous devons nous appuyer sur les acquis du plan stratégique opérationnel ADhésioN et la poursuite des travaux du comité de monitoring.Celui-ci, mis en place pour rechercher les moyens les plus réalistes de réduction des dépenses et de hausse des recettes, aura désormais pour mission de suivre leur concrétisation dans un esprit de concertation constante entre l’autorité politique et l’administration. La réduction du nombre de vacataires aura en effet des conséquences sur les politiques supracommunales mises en œuvre par la Province, le moratoire sur le personnel devra s’appliquer en fonction des réalités de terrain, des choix devront s’opérer dans les politiques de subsides, les tarifications des services et l’organisation d’économies d’échelles.

L’opposition, dont certains membres ont reconnus dans notre budget plusieurs aspects positifs, n’a pas pu présenter d’alternative aux mesures que nous avons prises, préférant se cantonner à des considérations essentiellement générales sur les missions des provinces, les aléas de la fiscalité et la notion de supracommunalité. Si je regrette ce « rendez-vous manqué » avec une approche plus moderne de la politique et plus en phase avec la qualité collective des débats que nous avons eus en commission, je veux aussi acter positivement cette volonté de dialogue et de discussion. C’est pourquoi je proposerai dès le mois de janvier un dispositif qui permette à tous les acteurs provinciaux de s’engager dans une large et ambitieuse réflexion transcendant les vieux réflexes traditionnels. Il s’agira d’aborder tous les sujets sans tabou aucun à propos de l’avenir de notre province en impliquant l’administration, l’ensemble de nos opérateurs provinciaux et les autres partenaires institutionnels dont bien entendu les communes et les conseillers de la majorité comme de l’opposition.

Peut-être pourrons enfin nous affranchir ainsi de cette sempiternelle question du « rôle et des missions des provinces », bref de la province vécue comme un problème institutionnel, vieille litanie dont les passionnés d’histoire du Hainaut retrouveront une trace récurrente dans les comptes rendus du Conseil provincial de ces trente dernières années !

Et peut-être prendrons nous conscience qu’une institution qui est invitée à venir en aide aux communes à hauteur de 6, 3 millions pour le financement des zones de secours, qui est sollicitée pour développer des projets de supracommunalité pour un montant au moins équivalent dans les trois ans qui viennent et qui répond à une myriade de besoins concrets au quotidien n’est pas dénuée de sens.

Peut-être comprendrons-nous le caractère incontournable d’une institution ayant fait le pari d’initier un programme de 27 millions d’investissement en faveur de projets aussi essentiels à la dynamique des territoires que la cité des métiers à Charleroi, le pôle culturel provincial de La Louvière, l’e-campus de Tournai ou le centre d’exercice Hainaut-Sécurité en région montoise.

Et peut-être oserons-nous cette question que personne n’ose encore se poser.

Et si dans le fond, la province n’était pas « le problème » mais « une des solutions » à la crise institutionnelle ?

Serge Hustache, Président du Collège provincial

 

 

 

Dernière modification le jeudi, 22 janvier 2015 15:19
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