J’ai toujours eu à cœur de bien faire une distinction des rôles entre le politique et l’administration. Si nous avons dans la MB1, 431.000 € de demandes supplémentaires, nous agissons aussi afin de trouver 450.000 € de réductions diverses pour aboutir donc à une amélioration de 19.000 € du résultat initial. C’est un principe de neutralité budgétaire qui nous évite de bien mauvaises surprises.
Les grands principes de rigueur, sur lesquels je reviendrai, se concrétisent dans cette MB1 par l’intégration des résultats du compte, soit 4,7 millions € d’augmentation des exercices antérieurs et du résultat global.
Une situation, vous en conviendrez, qui, pour une institution, si souvent convoquée au tribunal de la bonne gouvernance et de la bonne gestion, n’est pas si mauvaise que cela.
Alors, puisque l’on nous invite à parler politique, je vous suggère un petit tour d’horizon de la presse de ces dernières semaines.
On peut y lire que le Bureau Fédéral du Plan s’inquiète de l’exigence pour le Gouvernement Fédéral de trouver 11 milliard d’€ afin de retrouver l’indispensable équilibre à l’horizon 2014. Le Soir de ce matin parle lui d’un trou dans le budget de la sécurité sociale de 1,5 milliard d’€.
On peut aussi lire dans la presse que Le Centre de Recherche en Economie régionale de l’UNamur nous alerte sur l’emballement de la dette de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui passerait toujours d’ici 2014 de 3 à 12 milliard d’€.
On peut y lire aussi que La Banque Nationale de Belgique a bien dû faire admettre au pourtant très déterminé Ministre du Budget de la Région Wallonne un déficit de 80 million d’€ supérieur à celui de son budget initial.
Et enfin, on peut aussi y lire que Belfius dans rapport annuel tire la sonnette d’alarme sur les finances communales dont le bas de laine, soit les réserves, aurait quasiment fondu entre 2011 et 2018. Un autre article paru hier dans l’Avenir va dans le même sens.
Il ne s’agit pas de rouler des mécaniques, ce serait absurde, indécent et surtout injuste pour ces autres niveaux de pouvoirs qui font aussi ce qu’ils peuvent pour se sortir de cette crise systémique financière et institutionnelle qui touche toutes les strates de notre société.
Mais, dans ce contexte, si nous ne disons pas nous-même qu’il est tout de même remarquable que la Province de Hainaut arrive à sortir la tête hors de l’eau, personne ne le fera pour nous ! Nous ne demandons pas à être canonisé mais un peu de considération ne serait pas superflue.
Parce qu’en plus, nous venons déjà en aide à la Fédération Wallonie-Bruxelles dans les domaines de la culture et de la lecture publique par exemple.
Parce que nous participons aussi à soulager les finances de la Région Wallonne qui nous a imposé des diminutions successives du Fonds des Provinces.
Parce que nous intervenons aussi très largement au profit des communes en injectant 17 millions d’€ dans nos actions de supracommunalité ou encore dans les Zones de Secours.
Tout cela est très bien, mais nous arrivons au maximum de ce que nous pouvons faire car notre situation reste et restera toujours précaire…d’ailleurs plus aucun pouvoir public ne peut aujourd’hui se prévaloir d’avoir atteint définitivement l’équilibre structurel mais il est aussi bon de rappeler que nous n’avons ni vocation, ni les moyens de pallier à tous les problèmes financiers de toutes les autres institutions de ce pays.
Si nos finances ne se portent pas trop mal, dans un contexte pourtant sinistré, c’est parce que nous avons pris des mesures difficiles et courageuses. Mais soyons de bon compte, souvent les choses sont dictées par les impératifs qui s’imposent à nous. Confucius disait : « On peut comprendre la vertu de quelqu’un en observant ses défauts ».
Et des défauts, nous en avions surtout un avant 2010, au lendemain de la crise financière avec un budget diminué de -4 millions d’€ et ensuite avec la fin des compensations du Plan Marchal de -22 millions d’€. Et croire que la Région allait venir nous aider est aujourd’hui la fin d’une incroyable illusion … une autre époque, un autre temps, un autre siècle.
Nous avons pu mettre en œuvre des principes politiques qui expliquent ce redressement.
Nous avons dû trouver nous-même les pistes pour sortir de cette crise qui se sont concrétisées dans les 80 mesures du Plan de modernisation que nous avons mis en œuvre ... l’ancêtre de notre plan Adhésion 3.0.
Je terminerai avec les mesures qui continuent à guider notre politique financière et qui expliquent politiquement les résultats actuels :
Voici trois de ces mesures :
- Le moratoire sur le personnel, afin d’éviter des dépenses incontrôlables (diminution de +/- 450 ETP).
- La limitation de nos investissements, afin d’éviter un emballement de notre dette.
- La neutralité budgétaire au sein de nos institutions, afin d’éviter un déséquilibre de notre budget ordinaire.
Nous faisons preuve de bon sens et ces mesures, nous continuerons à les défendre et à les tenir grâce à notre administration.
« La politique c’est éphémère mais une équation est éternelle » disait Albert Einstein.
Serge Hustache
Président du Collège provincial