Je suis très heureux d’accueillir et de souhaiter la bienvenue à l’ensemble des jeunes, 112 effectifs et suppléants, qui constituent désormais l’Assemblée des Jeunes. Je pense que ce sera pour nous l’un des plus beaux moments et des meilleurs souvenirs de cette législature. Mais l’heure n’est pas à l’usage des superlatifs et même si l’on pourrait presque parler d’un moment historique, si on n’avait pas peur d’abuser des mots pompeux et pontifiants, en ce moment tout nous appelle à la réserve et à la modestie…
C’est de toute évidence un beau coup de jeune dans ce cénacle au look un peu suranné et trop sérieux.
Nous n’avons pas été insensibles aux échos des marches pour le climat qui ont rythmés ces beaux jeudis de printemps. Une belle expression citoyenne pleine de fraicheur, d’enthousiasme et d’espoir.
Si certains optimistes pensaient que désormais le combat pour le climat ne devrait plus échapper qu’aux pires réactionnaires atteints de surdité idéologique, et au risque de plomber l’ambiance, il semble bien qu’ils soient malheureusement bien plus nombreux qu’on ne le pense, ceux-là qui nous invitent à ne surtout rien faire et à laisser sévir la main invisible du marché.
Vaclav Havel disait: « La scène politique attirera toujours des aventuriers irresponsables, des ambitieux et des escrocs; on ne cessera pas si facilement que cela de détruire notre planète.»
Mais il ne s’agit pas de baisser les bras vous l’aurez compris et c’est ensemble que nous allons relever les défis.
Une occasion de saluer ici l’initiative de l’Université de Mons, qui comme devoir de sensibilisation, consacrera bientôt comme docteurs honoris causa : Nicolas Hulot, Nicolas Stern, l’auteur de l‘économie du changement climatique et surtout la jeune Greta Thunberg, porte-parole de toute cette génération qui nous interpelle. Son initiative nous bouscule positivement et nous montre la voie. Et face aux climato-démocratico-septiques, le recteur Philippe Dubois voit dans l’icône actuelle de la lutte pour le climat le symbole de « la limpidité, la fermeté, la droiture et l’exemplarité de son discours dépouillé, mais aussi l’espoir qu’elle inspire et la force qu’elle insuffle au travers de son exemple à quantité de jeunes de tous pays , y compris la Belgique ».
Au début du printemps, en tant qu’élèves de quatrième secondaire, nous vous avons sollicités afin de choisir celles et ceux au sein de vos classes respectives qui vous représenteront à l’Assemblée des Jeunes afin de décider des projets que vous aimeriez soumettre aux conseillers provinciaux et voir se réaliser!
Je remercie les professeurs et les directions des écoles d’avoir accepté de jouer le jeu. Ce qui confirme bien l’excellente réputation de notre enseignement, son caractère innovant et progressiste.
Pour vous accompagner lors de ce processus, vous avez et pourrez compter sur l’aide la Cellule Agenda 21, le Comité de Développement durable ou encore le Service de Communication de la Province de Hainaut mais aussi sur le budget participatif que la Province de Hainaut a souhaité mettre en place.
Dans sa déclaration de politique générale, le Collège provincial dédicace une partie de son budget aux actions citoyennes. La Province souhaite aller encore plus vers les autres pouvoirs locaux et les pouvoirs intermédiaires mas aussi la société civile.
C’est ainsi que la mise à disposition d’une partie de ces budgets participatifs pour l’Assemblée des jeunes nous a semblé une belle manière de faire l’apprentissage de la chose publique, et au-delà des déclarations de bonnes intentions dont vous avez mille fois raison de vous méfier, nous avons voulu très concrètement mettre à votre disposition un budget de 100.000 euros par an afin de mener à bien vos projets.
C’est un très bel exercice démocratique que celui qui vous attend pour les deux prochaines années!
Mais vous le verrez, il vous faudra faire émerger des projets, les défendre, le cas échéant les amender, en débattre.
Et puis, viendra l’heure de faire des choix et vous verrez que faire des compromis c’est aussi l’art de s’ouvrir aux autres.
Ce projet qui parie sur l’esprit participatif s’inscrit dans vision à plus long terme qui repose sur un Plan Stratégique et Opérationnel.
Un PSO que l’on a présenté hier dans tous ses détails techniques et administratifs et dont je voudrais simplement insister sur sa dimension politique au sens noble du terme, c’est à dire la manière dont le processus a été mis en place et validé par l’exécutif.
La politique dont l’étymologie vient du grec politikè « Science des organisations de la cité ».
Et pour bien organiser la cité, il faut d’abord bien la connaître. Un plan stratégique ne s’improvise pas, il ne part pas de nulle part.
Notre administration s’est livrée à une étude fouillée des besoins spécifiques de notre territoire. Et le constat est sans appel : vieillissement plus marqué de notre population, inégalités sociales plus grandes, état de santé en deçà de la moyenne wallonne, taux de redoublement excessif, analphabétisation anormale, taux d’emploi insuffisant, habitat vieillissant et mal adapté aux défis environnementaux pour ne prendre que quelques-uns de ces constats.
Mais, comme en musique il n’y a pas que de bémols, il y a aussi des dièses et donc des perspectives donc des raisons d’espérer …
«Il n’y a pas de région sans avenir, il n’y a que des régions sans projets ».
Et des projets ce n’est pas ce qui manque, 109 nouveaux projets qui s’inscrivent dans les grands principes du développement durable dans son acceptation la plus large, de l’environnement à l’écodéveloppement territorial, en passant par la mobilité ou encore la transition numérique. Ils témoignent de la capacité créative de notre institution.
Cette démarche doit reposer sur une administration moderne, ouverte sur l’extérieur et capable de se remettre en question. Une occasion encore de la remercier et de la féliciter !
A ce stade, les 109 nouveaux projets qui sont pour une bonne part issus de l’identification par notre administration de besoins objectifs ont fait l’objet d’une concertation et de décisions au sein du Collège provincial.
Cet avant-projet de PSO a été remis à l’ensemble des conseillers provinciaux en commission élargie ce lundi pour une première concertation.
Aujourd’hui, bien que les incertitudes budgétaires soient toujours présentes à l’esprit, ce travail a été pensé de manière responsable, suivant une stratégie réaliste et soutenable.
Cette démarche devra ensuite être amendée, consolidée et traduite en objectifs précis.
Ce document n’est pas comme une bible figée pour l’éternité, il doit évoluer en fonction des contributions de chacun.
C’est un projet collectif et il vous reste, en tant que conseillers provinciaux, un peu plus de deux mois pour y apporter vos remarques, ajouts, suggestions afin que ce projet puisse aboutir et être voté en septembre prochain.
ADHESION est et sera d’ici la fin de la législature un socle du savoir-faire provincial à destination de la population hennuyère et une véritable feuille de route pour nos institutions. Elle constitue en quelque sorte notre mémorandum à l’attention de nos pouvoirs de tutelle pour les années à venir.
À ce titre, dans l’attente de la prochaine Déclaration de Politique Régionale, nous vous présentons cet avant-projet de plan stratégique, dans notre périmètre actuel de compétences et avec les ressources à ce jour disponibles.
Profondément imprégnés des grands principes du développement durable, nos projets devront répondre à toutes les urgences que sous-entendent les grands principes et les 17 objectifs de développement durable :
L’urgence institutionnelle
Michel Serres disait :
«Nos institutions sont en crise, elles sont comme les étoiles, on les voit encore mais dans les faits, elles sont mortes depuis longtemps.»
Nous allons devoir changer !
Il faut donc repenser nos institutions, nos modèles en fonction des évolutions sociétales.
La Province au même titre que d’autres bien entendu !
L’urgence climatique
Celle qui nous réunit ici…
Faut-il ignorer ces scientifiques qui nous disent que, si d’ici 2050 les changements n’interviennent, on pourrait atteindre un point de non-retour dans laquelle la perspective incroyable d’une terre non habitable ne serait plus le simple scénario d’un film de fiction ?
Drôle de monde où l’on peut envoyer une sonde sur la planète Mars pour y trouver des traces d’eau alors que l’on est incapable d’assurer l’alimentation en eau potable à la moitié de l’humanité.
L’urgence sociale
Mais il ne suffit pas de s’intéresser à la fin du monde, il faut aussi penser à la difficile fin du mois des gens.
Chez nous, une personne sur 5 est concernée par la pauvreté.
Un monde où 26 personnes détiennent autant d’argent que les 4 milliards les plus pauvres et où toutes les 5 secondes, un enfant meurt de faim.
L’urgence humanitaire
La dérégulation climatique explique aussi et expliquera de plus en plus les migrations liées au climat.
On a encore tous en mémoire l’image terrible de cet enfant syrien de 3 ans, le petit Aylan Kurdi mort noyé sur une plage. Image terrible de ce petit corps sans vie, solitaire allégorie d’un monde où décidément les choses ne tournent plus rond.
Il reste encore 22 millions d’Alyan Kurdi, de réfugiés comme lui dans le monde.
Et quand je dis le monde, je pense surtout aux pays pauvres du sud qui sont les premiers à les accueillir …N’en déplaise à ce que pensent certains, nos pays riches sont loin, très loin d’accueillir toute la misère du monde.
Et enfin, l’urgence démocratique
C’est le principe même de notre démocratie qui est remise en question.
Et pourtant, on ne mesure pas la chance que nous avons de vivre dans une démocratie …la démocratie n’est pas un cadeau tombé du ciel.
Il y a des gens qui se sont battus et qui sont morts pour la démocratie et celle-ci reste toujours fragile. Vous aviez presque une chance (une malchance) sur deux de naitre dans une dictature ou un pays totalitaire, un pays dans lequel une réunion comme celle-ci serait tout simplement impossible.
On observe avec inquiétude la montée de l’extrême droite, des idéologies de rejet, du racisme ; des idéologies que l’on croyait reléguées à tout jamais dans les poubelles de l’histoire.
Ces nostalgiques du fascisme sont aujourd’hui au pouvoir dans de nombreux pays et ont même fait, il y a seulement quelques jours chez nous, une très inquiétante entrée au sein du parlement Belge.
Notre assemblée est, dieu merci, préservée de ce fléau. Les cinq partis qui composent notre conseil provincial sont représentatifs de la pluralité des courants de l’opinion publique hennuyère. On n’est pas toujours d’accord, c’est le moins que l’on puisse dire, mais chacun s’exprime selon sa sensibilité et je dirais que chacun porte sa part de vérité, une part de la vérité.
C’est autour de tous ces enjeux stratégiques qui s’intègrent dans les objectifs du développement durable que nous espérons mettre en œuvre ce projet avec vous.
Avec notre gouverneur, notre directeur général, mes collègues députés et conseillers provinciaux, je voudrais vous dire que nous sommes très heureux de cette belle collaboration.
Un vieux réflexe veut, autant par habitude que par courtoisie, que l’on applaudisse celui qui est à la tribune lorsqu’il a terminé son discours…. je vous propose ici d’applaudir, avec ardeur et enthousiasme tous les jeunes, que nous avons l’honneur d’accueillir ce midi.
Serge Hustache, Président du Collège provincial